La dernière tentative de mettre fin aux combats entre armée azerbaïdjanaise et forces arméniennes au Haut-Karabakh s’est terminée avant même d’avoir pu démarrer. Lundi 26 octobre, dix minutes avant l’entrée entrée en vigueur officielle de la trêve négociée à Washington la veille, une explosion a retenti près de Stepanakert, la principale ville de la région, et des tirs d’artillerie étaient ensuite audibles au loin à deux reprises.
Les deux camps s’accusent mutuellement de la « violation grossière » de la trêve. Un échec à ajouter aux deux autres tentatives de cessez-le-feu dans cette région montagneuse du Caucase, négociées à Moscou le 10 octobre et à Paris le 17 octobre.
Impasse diplomatique
Le ministère azerbaïdjanais des affaires étrangères a accusé les forces arméniennes d’avoir bombardé la ville de Terter et des villages avoisinants, ainsi que des positions de l’armée de Bakou, tout en assurant « respecter strictement » l’accord de cessez-le-feu.
Le premier ministre arménien, Nikol Pachinian, a de son côté affirmé sur Facebook qu’Erevan « continue de respecter strictement le régime de cessez-le-feu ». Le ministère de la défense du Haut-Karabakh, proche de l’Arménie, a dénoncé pour sa part des tirs d’artillerie ennemis sur ses positions en divers endroits du front, tout en affirmant que les forces sous son contrôle « se conforment strictement aux accords conclus » et que « les accusations de l’ennemi n’ont rien à voir avec la réalité ».
Selon le délégué pour les droits de l’Homme du Haut-Karabakh, un civil a été tué et deux autres ont été blessés lundi dans une attaque de missile azerbaïdjanaise contre un village de cette région séparatiste.
La communauté internationale s’est jusqu’à présent révélée incapable de négocier une trêve durable et plus encore une issue pacifique au conflit. L’Arménie comme l’Azerbaïdjan se sont montrés en grande partie inflexibles.
Le premier ministre arménien, Nikol Pachinian, a exclu la semaine dernière toute « solution diplomatique » au conflit, appelant les volontaires à rejoindre le front. Le président azerbaïdjanais, Ilham Aliev, a de son côté qualifié ses adversaires de « chiens » ou de « bêtes sauvages », jugeant que toute négociation devait être précédée d’un retrait des forces arméniennes du Haut-Karabakh, territoire que la communauté internationale reconnaît comme faisant partie de l’Azerbaïdjan.
Un conflit ancien
L’Azerbaïdjan, fort de ses revenus pétroliers, s’est armé sans compter ces dernières années, notamment auprès de la Russie, de la Turquie et d’Israël. Ankara est par ailleurs accusé d’avoir déployé des combattants pro-turcs de Syrie dans le conflit en cours. Le président russe, Vladimir Poutine, dont le pays fait traditionnellement office d’arbitre dans la région, a déclaré jeudi que le bilan depuis fin septembre s’approchait de 5 000 morts.
Depuis le 27 septembre, les forces azerbaïdjanaises ont conquis des territoires échappant au contrôle de Bakou depuis les années 1990 et une guerre, dans la foulée de la chute de l’URSS, qui avait fait 30 000 morts et abouti à la sécession de cette région aujourd’hui peuplée quasi exclusivement d’Arméniens.
Les médiateurs du Groupe de Minsk, groupe dont fait partie la France, et les ministres des deux pays sont convenus de se retrouver jeudi à Genève pour discuter des « mesures nécessaires pour parvenir à une solution pacifique ».
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