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Le Comité de jumelage Corse-Arménie veut booster les relations entre la Corse et la République d’Artsakh


Philippe Jammes le Vendredi 28 Janvier 2022 à 14:40

Lors d’une conférence de presse donné dans leurs locaux bastiais, les responsables du Comité de Jumelage Corse-Arménie ont dévoilé leurs projets. Ils veulent notamment booster les relations entre la Corse et la République d’Artsakh. CNI a fait le point avec le président du Comité, Alexandre Santerian.



Le Comité de jumelage Corse-Arménie a dévoilé ses projets
Le Comité de jumelage Corse-Arménie a dévoilé ses projets



- Dressez-nous un état des lieux ?
- La République d'Arménie et la République d'Artsakh constituent un ensemble de territoires historiquement de même origine. Ces territoires ont fait l'objet de multiples conquêtes et attaques avec, en point d'orgue, le génocide perpétré par l'État turc en 1915. Les évènements qui aujourd'hui se succèdent avec particulièrement la politique agressive et meurtrière de l'Azerbaïdjan s'inscrivent dans la continuité de ce qui est un crime contre l'humanité et dont la Nation arménienne, composante historique de la région, est la principale victime. Depuis deux ans, l'Arménie et l'Artsakh sont au cœur de l'actualité avec une guerre meurtrière de 44 jours d'une rare violence qui a fait plus de 5000 victimes arméniennes.


- La passerelle entre la Corse et L’Arménie ?
- La Corse n'est pas insensible à cette situation. Dès lors qu'il s'agit des droits historiques de la Nation Arménienne, de son droit à l'autodétermination, et de son combat contre l'islamo-fascisme turc, nouvelle forme néo impérialiste et colonialiste. Elle l'est d'autant plus que notre île abrite en son sein de nombreux corses d'origine arménienne qui se sont naturellement intégrés au peuple corse.  De cet enrichissement humain qui remonte au XIIème siècle, et aussi porté spécifiquement par toutes ces personnes qui entre autres ont fui les forces sanguinaires turques responsables du génocide en 1915, et qui ont naturellement trouvé refuge et pain en Méditerranée et spécifiquement en Corse, est née aujourd'hui notre structure.


- Comment évolue-t-elle ?
- Notre comité est constitué juridiquement sous forme associative et a pour objet principal d'établir, d'échanger et de renforcer les liens naturels et humains entre Corse et Arménie avec ses deux républiques et ce quelles que soient les opinions et appartenances philosophiques, politiques, religieuses, culturelles et autres. Notre activité a déjà permis de mettre en place une coopération relationnelle entre la République d'Arménie, la République d'Artsakh et la Corse. Si on parle beaucoup d’Arménie dans le monde et si déjà beaucoup lui viennent en aide, c’est moins le cas pour l’Artsakh dont la république n’est toujours pas reconnue. Cette coopération en direction de l’Arménie et notamment de l’Artsakh est basée sur le modèle de la décentralisation européenne et concerne plusieurs secteurs et filières : échanges universitaires, cuture, commerce et industrie, agriculture et élevage, sport, médical.  Mais cette liste n'est pas exhaustive. Les différents échanges que nous avons eu ont suscité des projets qui, au niveau européen, dès lors qu'ils sont validés, bénéficient d'un support financier, permettant ainsi une consolidation de cette mutualisation entre la République d'Arménie, la République d'Artsakh et la Corse.


- Aujourd’hui votre but est donc de renforcer ces liens ?
- Nous avons axé nos actions sur un jumelage ou plutôt une charte d'amitié entre la ville de Bastia et celle de Stepanakert en Artsakh. En effet juridiquement il ne peut y avoir de Jumelage entre les deux villes puisque la République d’Artsakh n’est pas encore reconnue. Aussi avons-nous mandaté une délégation à Yerevan, la capitale de la République arménienne, avec une rencontre avec l'ex-ambassadeur de France, Jonathan Lacôte. Ce dernier a affiché son intérêt pour une coopération entre les Universités de Corse et de  Yerevan. Une autre délégation a été reçue aux ministères de la République d'Artsakh et à cette occasion plusieurs protocoles de coopération ont été signés dans le secteur de la santé et de l’éducation.


- Où en est-on côté corse ?
- On souhaite engager concertations et discussions avec toutes les composantes de la société corse sur la pertinence de nos projets et études, et ce dans un souci d'intégrité non lucrative. On a déjà eu de bons échos du coté de Core in Fronte notamment avec sa commission internationale et de Corsica Libera. Mais à l'évidence la multiplicité des échanges en Corse, en France, en Arménie et en Artsakh semble déranger. Depuis quelques temps notre comité semble se heurter à un insidieux acharnement policier et judiciaire ainsi qu'à des tentatives d'intimidation. Il y a peu nous avons été sommés de cesser toute activité sur le plan associatif, culturel et politique tant en Corse qu'à l'international...Il y a des pressions venant de Turquie et d’Azerbaïdjan pour empêcher ces chartes d’amitiés. Lorsqu’elles sont créées certaines sont même attaquées juridiquement. C’est quelque chose à quoi il faut s‘attendre.  


- La situation est-elle bloquée ?
- Pas question de céder. Notre rencontre au ministère des affaires étrangères de la République d'Artsakh à Stepanakert nous a conforté sur la défense et la reconnaissance de l'indépendance de cette dernière et des droits de son peuple à disposer de ses propres institutions.  L'acharnement dont nous sommes victimes n'entamera nullement notre détermination. Notre comité a su faire partager en Corse, en France et sur les territoires arméniens la crédibilité de ses travaux. Récemment nous avons organisé deux jours de commémoration pour le 24 avril : un rassemblement de soutien aux prisonniers de guerre et le premier Noël arménien en Corse dont vous vous êtes fait l’écho. Nous en sommes fiers. Nous continuerons sur cette voie.


- Vos prochaines actions ?
- Notre comité prend aujourd’hui l'initiative de rencontrer tous les groupes de la Collectivité de Corse afin de les informer sur les projets que je viens de vous citer. On fait appel à toutes les forces vives de Corse pour soutenir notre démarche, et avec elle l'aspiration de la République d'Arménie et de la République d'Artsakh à disposer librement de leur avenir et de vivre enfin en paix sur leurs territoires originels. Nous sommes là pour mettre la machine en route, favoriser les échanges, ensuite tout se fera entre les différents acteurs de chaque côté, pas question par exemple que des finances transitent par notre comité.