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Haut-Karabakh : accord de cessez-le-feu entre Arménie et Azerbaïdjan sous l'égide de Moscou

Un accord de cessez-le-feu total a été signé, dans la nuit de lundi à mardi, par le président de l'Azerbaïdjan, le Premier ministre arménien et le président russe, pour mettre fin aux combats dans l'enclave du Haut-Karabakh. Aussitôt après l'annonce, qualifiée de "capitulation" d'Erevan par Bakou, une foule en colère a envahi le siège du gouvernement arménien.

Un bâtiment endommagé par des bombardements dans la ville de Chouchi, dans le Haut-Karabakh, le 29 octobre 2020.
Un bâtiment endommagé par des bombardements dans la ville de Chouchi, dans le Haut-Karabakh, le 29 octobre 2020. © Vahram Baghdasaryan/Photolu, via Reuters
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L'Azerbaïdjan et l'Arménie ont signé, dans la nuit de lundi 9 à mardi 10 novembre, sous l'égide de la Russie, un accord de fin des hostilités dans le conflit du Haut-Karabakh qui consacre les victoires militaires azerbaïdjanaises après six semaines de combats meurtriers.

Le Premier ministre arménien, Nikol Pachinian, a annoncé le premier avoir signé cet accord. Il a qualifié cette initiative "d'incroyablement douloureuse pour [lui] et pour [son] peuple".

Moscou a confirmé l'accord peu après. "Le 9 novembre, le président de l'Azerbaïdjan [Ilham Aliev], le Premier ministre de l'Arménie [Nikol] Pachinian et le président de la fédération de Russie ont signé une déclaration annonçant un cessez-le-feu total et la fin de toutes les actions militaires dans la zone du conflit du Haut-Karabakh à partir de minuit le 10 novembre, heure de Moscou", a déclaré le président russe Vladimir Poutine, selon une déclaration diffusée dans la nuit de lundi à mardi aux médias. Selon lui, les belligérants gardent au terme de cet accord "les positions qu'ils occupent".

La Russie est en train de déployer près de 2 000 soldats de la paix pour assurer le respect du texte, qui prévoit notamment que l'Azerbaïdjan reprenne le contrôle de plusieurs districts qui lui échappaient, et le maintien d'un corridor terrestre reliant les territoires encore sous contrôle séparatiste et l'Arménie. Le ministère russe de la Défense a détaillé aux agences russes le déploiement de 1 960 hommes et 90 blindés. Vladimir Poutine a souhaité que cet accord puisse mener "à la création des conditions nécessaires pour un règlement durable [du conflit]".

Le président azerbaïdjanais Ilham Aliev a estimé que l'accord était une "capitulation" de l'Arménie". "Nous avons forcé [le Premier ministre arménien Nikol Pachinian] à signer le document, cela revient à une capitulation", a-t-il annoncé à la télévision, "j'avais dit qu'on chasserait [les Arméniens] de nos terres comme des chiens, et nous l'avons fait". Il a aussi traité le Premier ministre arménien de "lâche" pour ne pas avoir signé la déclaration commune devant des caméras.

Foule en colère

Peu après l'annonce, une foule de milliers de manifestants en colère s'est rassemblée aux abords du siège du gouvernement arménien, des centaines d'entre eux pénétrant dans les locaux, brisant des vitres et saccageant des bureaux, notamment une salle de conseil des ministres, selon un journaliste de l'AFP présent sur place. Le siège du Parlement a subi le même sort. "Nikol est un traître", ont notamment scandé les manifestants.

La police arménienne a repris mardi matin à Erevan le contrôle du siège du gouvernement et du Parlement.

Vers 9h30, heure locale (5h30 GMT), un cordon de policiers anti-émeute, casques sur la tête et boucliers en avant, était positionné devant le gouvernement, sur le parvis du bâtiment, a constaté un journaliste de l'AFP.

La circulation automobile était revenue à la normale sur la vaste place voisine de la République, mais une vingtaine de manifestants mécontents déjà rassemblés là faisaient mine par moment, sans vraiment y arriver, de bloquer l'avenue Abovian à l'aide de poubelles et de bancs publics.

Au Parlement, les forces de l'ordre ont également repris le contrôle de la situation. La route y menant a été coupée à la circulation, et l'imposant bâtiment vidé des protestataires. Ceux-ci restaient néanmoins à déambuler et à discuter dans le parc de l'Assemblée, dont les grilles ont été laissées ouvertes.

Une décision prise après "une analyse en profondeur de la situation militaire"

Le dirigeant de la région du Haut-Karabakh, Arayik Harutiunian, a dit sur Facebook avoir donné son accord "pour mettre fin à la guerre dès que possible".

L'annonce d'un accord de fin des hostilités intervient alors que les forces azerbaïdjanaises affirmaient avoir pris Choucha, ville stratégique à 15 kilomètres de la capitale séparatiste Stepanakert et située sur l'artère vitale reliant la république autoproclamée à son parrain arménien. La chute de cette localité était considérée comme un tournant de la guerre.

"J'ai pris cette décision (de signer un accord de cessation des hostilités) après une analyse en profondeur de la situation militaire", a dit Nikol Pachinian sur Facebook, en référence aux avancées azerbaïdjanaises des six dernières semaines. Selon lui, l'accord est "la meilleure des solutions dans la situation actuelle".

Avant l'annonce de l'accord dans la nuit de lundi à mardi, la journée avait été marquée aussi par un hélicoptère Mi-24 de l'armée russe abattu par erreur par l'Azerbaïdjan au-dessus de l'Arménie. La partie azerbaïdjanaise s'est excusée pour "cet incident tragique".

Avec Reuters et AFP

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