La guerre vue d’Ankara: «La Turquie n’a plus rien à perdre»
Entre menaces et coups de menton, la Turquie veille à rester au cœur du jeu international, au risque d’irriter ses alliés. Les explications de Murat Önsoy, professeur en science politique
Guerre en Ukraine et corridors maritimes, élargissement de l’OTAN, incursions en Irak et en Syrie, tensions avec le voisin grec, Ankara est très présente sur tous les dossiers régionaux par l'entremise de son président, Recep Tayyip Erdogan, au pouvoir depuis 2003 et candidat l’an prochain à une réélection incertaine. Face à la situation ukrainienne, ce dernier maintient une position ambigüe, entre livraisons d'armes à l'Ukraine et relations commerciales avec la Russie.
Mercredi, le patron de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, est attendu en Turquie pour discuter notamment de l’établissement de «corridors» en mer Noire pour exporter les céréales ukrainiennes. Cette visite sera la deuxième du ministre des Affaires étrangères russe, après les pourparlers d’Antalya en mars, unique face-à-face à ce jour avec son homologue ukrainien Dmytro Kuleba depuis le début de la guerre. Murat Önsoy, professeur associé en science politique à l’Université de Hacettepe à Ankara, spécialiste de l’histoire turque et des relations de son pays avec l’Europe, analyse le rôle que joue Ankara.