Couverture fascicule

Anahide Ter Minassian, La République d'Arménie : 1918-1920, Bruxelles, Éditions Complexes, 1989 ; Claire Mouradian, De Staline à Gorbatchev, Arménie : Histoire d'une République soviétique, Paris, Ramsay, 1990

[compte-rendu]

Année 1991 102 pp. 138-139
Fait partie d'un numéro thématique : État et société civile
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L'Arménie qui fut la plus petite des républiques socialistes soviétiques est aussi désormais la plus homogène nationalement comme le soulignent les deux auteurs. En ce sens, elle a connu l'évolution inverse de l'Estonie, naguère peuplée à 90 % d'Estoniens et où les Russes constituent aujourd'hui une très importante minorité. La situation des Arméniens demeure cependant particulière car, dans leur majorité, ils résident en dehors du territoire de la République, dans la diaspora soviétique ou à travers le monde. Ainsi, le cas arménien se révèle autant emblématique de la question nationale en URSS qu'exceptionnel.

Anahide Ter Minassian, auteur de plusieurs études éclairantes sur la combi- natoire nationalisme/socialisme dans les courants politiques qui se sont partagé l'influence sur tes Arméniens de l'Empire russe et, au-delà, de l'Empire ottoman, retrace la naissance tourmentée de la République indépendante puis socialiste soviétique d'Arménie, de la Révolution de février à la soviétisation, en passant par les nombreuses péripéties de la guerre avec la Turquie, des négociations entre Moscou et Ankara, du jeu des Grandes puissances, sans compter les rapports avec les deux autres peuples principaux de la Transcaucasie dont les régions d'implantation deviennent, elles aussi, des Républiques socialistes soviétiques ; la Géorgie et l' Azerbaïdjan. L'image la plus saisissante et qui revient sans cesse dans son récit est celle de ces cohortes de réfugiés, ballotés entre le Caucase, la Turquie et l'Iran, soumis aux rigueurs du climat, à la merci des arcanes de la diplomatie jusqu'à ce que s'effondre l'espoir de création d'un foyer national arménien en Turquie, conséquence du renoncement au Traité de Sèvres par ses signataires. Dès lors, traumatisme du génocide de 1915 aidant, la petite république d'Arménie au sein de l'Empire soviétique apparaît comme un moindre mal, tandis que se renforce la légende du protecteur chrétien (russe) contre l'oppresseur musulman (turc). C'est le point de départ de l'ouvrage de Claire Mouradian qui s'attache à démontrer comment cette représentation s'est progressivement déconstruite.

Exceptionnalisme de l'Arménie : son importante diaspora permet à ce petit pays, dès lors que les exilés sont autorisés à venir en séjours touristiques, de nouer des liens avec l'Occident et de tenter de définir son appartenance à l'Europe. Ce processus, toutefois, est lourd d'ambiguïtés : vicissitudes du recoupement entre nation et religion avec la résistance ou les déclarations d'allégeance des hautes autorités ecclésiastiques au pouvoir soviétique ; industrialisation anarchique, concentrée à Erevan, d'une région qui fut

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