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Erevan, Arménie, le 10 novembre 2020

Quelques centaines de personnes sont entrées dans les bâtiments du gouvernement sur la place de la République, après l'annonce d'accord de paix du premier ministre Nikol Pashinian,

Photo Laurent Van der Stockt pour Le Monde
LAURENT VAN DER STOCKT POUR « LE MONDE »

Haut-Karabakh : Vladimir Poutine scelle la défaite d’Erevan après l’accord de « cessez-le-feu total » entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan

Par  (Erevan, envoyé spécial)
Publié le 10 novembre 2020 à 10h52, modifié le 11 novembre 2020 à 10h33

Temps de Lecture 6 min.

C’est parfois ce qui arrive lorsque, durant quarante-quatre jours de guerre, on ment à son peuple sur la réalité du champ de bataille : l’incompréhension et la colère se sont emparées d’Erevan dans la nuit de lundi 9 à mardi 10 novembre, peu après l’annonce d’un accord de « cessez-le-feu total » au Haut-Karabakh, conclu entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan sous l’égide de Moscou. A force de publier tous les jours des communiqués de victoire, de ne préparer le pays à l’idée ni d’une défaite militaire ni d’une perspective d’accord politique, le gouvernement arménien a perdu sa crédibilité.

Manifestation à Erevan, le 10 novembre, après l’annonce du cessez-le-feu.

« Le président de l’Azerbaïdjan, [Ilham] Aliev, le premier ministre de l’Arménie, [Nikol] Pachinian, et le président de la fédération de Russie ont signé une déclaration annonçant un cessez-le-feu total et la fin de toutes les actions militaires dans la zone du conflit », a annoncé dans la nuit le président russe, Vladimir Poutine. M. Aliev s’est félicité d’« une capitulation » de l’Arménie : « J’avais dit qu’on chasserait [les Arméniens] de nos terres comme des chiens, et nous l’avons fait. » M. Pachinian a pour sa part évoqué « une décision incroyablement douloureuse pour moi et pour notre peuple ».

Statut d’autonomie écarté

Pour l’Arménie et la « République d’Artsakh » (le Haut-Karabakh, une région peuplée par les deux communautés au fil de son histoire, conquise par l’Arménie après l’effondrement de l’URSS et dont l’indépendance de l’Azerbaïdjan ne fut jamais reconnue par la communauté internationale, ni d’ailleurs par Erevan), la défaite est cuisante. L’Arménie perd le contrôle militaire du Haut-Karabakh au profit d’une « force de paix » russe.

L’accord négocié par Moscou prévoit que les forces armées cessent le combat sur « les positions qu’elles occupent », que l’Azerbaïdjan reprenne le contrôle de l’intégralité des sept districts voisins du Haut-Karabakh qui lui échappaient, et que les Azerbaïdjanais expulsés puissent revenir chez eux sous l’égide de l’Organisation des Nations unies (ONU). Le statut futur du Haut-Karabakh, au territoire désormais amputé, n’est pas tranché, mais M. Aliev a exclu, dans une intervention télévisée, un statut d’autonomie.

La Russie, qui déploie deux mille soldats dans le Haut-Karabakh pour une durée initiale de cinq ans, sera la garante de l’existence de deux nouveaux « corridors » : l’un reliant les territoires karabakhtsis sous contrôle arménien à l’Arménie, qui remplacera le « corridor de Latchine », coupé par l’offensive azerbaïdjanaise, et qui contournera Chouchi ; et un autre reliant le Nakhitchevan, un territoire azerbaïdjanais enclavé en Arménie, à l’Azerbaïdjan – et donc aussi la Turquie à l’Azerbaïdjan.

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