OM-Qarabag, le contexte : "Ce match n'a rien d'anodin"

Par F.L.

Après les Turcs de Galatasaray, les Azéris de Qarabag. Encore une fois, un match de l'OM va dépasser les simples frontières sportives.
Après les Turcs de Galatasaray, les Azéris de Qarabag. Encore une fois, un match de l'OM va dépasser les simples frontières sportives. Photo Antoine Tomaselli

Après les Turcs de Galatasaray, les Azéris de Qarabag. Encore une fois, un match de l'OM va dépasser les simples frontières sportives. La venue des Stambouliotes, le 30 septembre dernier, sentait le soufre et laissait redouter le pire, principalement pour le comportement de leurs bouillants et incontrôlables supporters. Les craintes se sont malheureusement confirmées en dépit des nombreuses mesures prises. Ce soir, les fidèles de Qarabag seront nettement moins nombreux et moins turbulents, quand bien même ni l'OM ni les autorités locales ne sont capables d'en évaluer le nombre.

La préfecture de Police a renforcé la sécurité autour de ce barrage de Ligue Europa Conférence, avec une billetterie dédiée et une séparation des flux, des déplacements encadrés par les forces de l'ordre, un placement dans la partie haute de la zone visiteurs ou encore un arrêté interdisant aux drones de survoler le Vélodrome, histoire d'éviter toutes revendications par la voie des airs comme ce fut le cas en 2019, lors d'un match de Ligue Europa à Luxembourg. Tout cela pour une simple rencontre face à des inconnus dans un Vélodrome entièrement ouvert mais qui semblera très vide, avec quelque 20 000 supporters attendus ?

"Mais ce match n'a rien d'anodin", précise Rose Guiragossian, professeure de géopolitique, d'histoire et de géographie, au lycée Nelson-Mandela, dans le 12e arrondissement de Marseille. Il glisse allègrement sur le terrain de la géopolitique et chagrine particulièrement la forte communauté arménienne de Marseille, estimée à 80 000 personnes. "Ce club est devenu un club de Bakou (depuis 1993), entre les mains du président Aliyev, un dictateur qui emprisonne tout le monde, un peu à la Erdogan. C'est un club de propagande qui garde son nom pour la revendication du territoire", prolonge Rose Guiragossian.

Elle fait référence à la région du Haut-Karabakh, rattachée à l'Arménie, et au conflit entre Arméniens (majoritaires dans la région) et Azéris pour son contrôle. Le dernier, à l'automne 2020, a fait plus de 6 500 morts (3 700 côté arménien), contraignant l'Arménie à un cessez-le-feu et à céder de larges parties de ce territoire.

"Comme Marseille a une communauté arménienne assez importante, elle est considérée comme une ville anti-azérie, extrêmement dangereuse, ajoute la professeure. Il y a deux ans, les Azéris s'amusaient à se moquer des Marseillais et avaient provoqué beaucoup de jeunes sur les réseaux sociaux, en leur envoyant des messages de haine, de racisme ou contre Marseille. Et tout cela à cause de la présence des Arméniens."

Focalisés par la préparation de leur match, les Olympiens ignorent sans doute tout de ce contexte particulier, mais une victoire doublée d'une qualification aurait une signification particulière pour bon nombre de leurs supporters.

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