Le premier ministre Nikol Pachinian a revendiqué la victoire aux élections législatives en Arménie, dimanche 20 juin, son parti figurant largement en tête. « Nous savons déjà que nous avons remporté une victoire convaincante lors des élections et que nous aurons une majorité convaincante au Parlement », s’est réjoui M. Pachinian, lors d’un discours diffusé en direct sur sa page Facebook.
A l’arrivée dans son QG de campagne, M. Pachinian a été accueilli par des « Bravo ! » et des « Victoire ! » de ses soutiens, dans un tonnerre d’applaudissements. Selon les résultats complets publiés lundi par la commission électorale centrale, le parti Contrat civil de M. Pachinian a obtenu 53,9 % des voix, loin devant son principal adversaire, le bloc de l’ex-président Robert Kotcharian qui compte 21 % des suffrages.
« Le peuple nous a donné un mandat pour la dictature du droit et de la loi, et nous devons l’utiliser immédiatement », a-t-il poursuivi. Il a appelé ses partisans à se réunir lundi à 20 heures sur la place de la République, dans le centre de la capitale, Erevan. « Le peuple arménien a donné à notre parti Contrat civil le mandat pour diriger le pays et à moi personnellement pour le diriger comme premier ministre », a-t-il ajouté.
L’opposition dénonce des fraudes
Dans un communiqué, son principal rival, Robert Kotcharian, a refusé d’admettre sa défaite, dénonçant des « fraudes ». « Le bloc Arménie [l’alliance électorale de M. Kotcharian] se fixe comme objectif d’étudier attentivement les fraudes supposées et celles signalées. Et tant que ces questions n’auront pas eu de réponses satisfaisantes, le bloc ne reconnaîtra pas les résultats du scrutin », a indiqué la formation dans un communiqué.
La mission d’observation de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a toutefois qualifié les élections de « concurrentielles et bien organisées », louant une campagne « démocratique » et le dépouillement des bulletins « hautement transparent ».
L’ex-journaliste Nikol Pachinian, 46 ans, porté au pouvoir en 2018 par une révolution pacifique contre les vieilles élites corrompues, a dû se soumettre à ces élections anticipées après avoir vu sa popularité fondre, dans le sillage la déroute d’Erevan durant la guerre contre l’Azerbaïdjan, voisin et ennemi juré, à l’automne 2020.
Après six semaines de combats ayant fait plus de 6 500 morts, l’Arménie a dû céder d’importants territoires qu’elle contrôlait depuis une première guerre avec Bakou dans les années 1990. Les deux pays se disputent le Haut-Karabakh, une région séparatiste azerbaïdjanaise majoritairement peuplée d’Arméniens.
Crise politique
Perçue comme une humiliation, cette défaite a déclenché une crise en Arménie, forçant Nikol Pachinian à convoquer des législatives dans l’espoir de renforcer sa légitimité. Nombre de ses anciens partisans l’accusent d’être un « traître » pour avoir accepté un cessez-le-feu et se tournent désormais vers ses adversaires.
Après avoir obtenu plus de 70 % de suffrages aux législatives de 2018, la formation de M. Pachinian n’était créditée que de 25 % des intentions de vote par le seul sondage disponible, derrière le bloc Arménie de M. Kotcharian avec près de 29 % – une prédiction qui s’est révélée totalement incorrecte dans les urnes.
M. Pachinian avait exhorté cette semaine ses compatriotes à lui donner un « mandat d’acier » et mis en garde contre « une guerre civile ».
« Nous sommes une équipe qui, contrairement à l’administration actuelle, a de l’expérience, des connaissances, de la force et de la volonté », a de son côté lancé M. Kotcharian vendredi devant ses partisans à Erevan. Président de 1998 à 2008 de cette ex-république soviétique, il a été accusé de fraudes électorales par le passé et il est visé par une enquête sur des accusations de corruption.
Accusations de violations
En fin d’après-midi, la participation avait dépassé 38 %, contre presque 40 % à la même heure lors des législatives de 2018. La campagne électorale a montré une profonde division entre les deux camps, et des observateurs s’attendent à des manifestations, voire des violences après le scrutin. Un rassemblement de supporteurs de M. Pachinian est attendu lundi soir à Erevan et ceux de Kotcharian pourraient également se réunir.
Le vote s’est déroulé dimanche globalement dans le calme, mais deux formations, dont celle de M. Kotcharian, ont dénoncé des violations. Des observateurs de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), chargés de surveiller la transparence du scrutin, présenteront leurs conclusions préliminaires lundi à 13 heures, heure de Paris.
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