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An Azerbaijani military post now occupies the lower part of the Armenian village of Shurnukh- seen on March 13, 2021 from the Armenian colored part of the village.
Shurnukh, a small village in the Syunik Province of Armenia, was forced to hand over 11 homes to Azerbaijan after loosing the war at the end of 2020 while fighting over the territory of Nagorno Karabakh  A section of a 12th home was also handed to Azerbaijan.
ERIC GRIGORIAN POUR « LE MONDE »

Chournoukh, un village coupé en deux entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan

Par  (Chournoukh et Erevan, envoyée spéciale)
Publié le 15 mars 2021 à 04h00, modifié le 17 mars 2021 à 09h27

Temps de Lecture 7 min.

Depuis deux mois, Stepan Movsesian doit faire bien attention où il marche quand il est chez lui. Un pas de trop, et cet agriculteur arménien de 72 ans se retrouve en Azerbaïdjan. C’est du moins ce que soutiennent les soldats azerbaïdjanais. Quand ils sont arrivés dans le village avec leur GPS, le 27 décembre 2020, ils étaient catégoriques : la maison est située sur la frontière, la moitié leur revient, ainsi que les onze logements voisins, du même côté de la route.

Interloqué, le vieil homme a vu, dans la foulée, les soldats planter un panneau bleu et blanc à l’entrée de sa parcelle : « Village de Chournoukh, région de Qubadli, République d’Azerbaïdjan ». Sa chambre et son salon sont restés côté arménien, mais l’étable où il mettait ses vaches, adjacente, est désormais interdite d’accès. Il s’en sort toutefois mieux que ses voisins, chassés de chez eux du jour au lendemain. Les habitants étaient d’autant plus choqués que Chournoukh fait partie, selon les autorités, de la région arménienne de Siounik, dans le sud-est du pays, et non de Qubadli, repassée sous le contrôle de l’Azerbaïdjan depuis le cessez-le-feu du 9 novembre 2020, qui a scellé la lourde défaite de l’Arménie dans la guerre dans le Haut-Karabakh.

Stepan Movsisyan, 72 ans, et sa femme Laura, chez eux, à Chournoukh, en Arménie, le 12 mars. Une partie de leur maison est désormais sous contrôle azerbaïdjanais depuis que la guerre de l'année dernière a changé les frontières entre les deux pays. Ancien garde forestier, il montre une carte russe de l'époque où le village entier de Chournoukh était sur le territoire arménien. Sur le mur derrière lui se trouve un dessin que l'un de ses petits-enfants a fait et laissé inachevé quand la dispute territoriale a commencé.

Désormais coupé en deux, ce village d’une centaine de personnes bâti à flanc de montagne est devenu un site sensible. Stepan Movsesian s’habitue tant bien que mal à son nouveau voisinage. Quand il fume sa cigarette au balcon, une ribambelle de drapeaux et de militaires s’offre à sa vue : les Azerbaïdjanais, installés sur le toit d’une maison en ruine, mais aussi les Russes, positionnés de l’autre côté de la route pour veiller au maintien de la paix, sans compter les deux gardes-frontières arméniens en armes, postés jour et nuit dans son propre jardin. « Parfois, j’ai l’impression que c’est moi qu’ils surveillent », dit-il, l’air goguenard.

La tension est palpable

Ce nouveau face-à-face avec ses ennemis ne le rassure guère. « Avant, les Azerbaïdjanais étaient à 120 km. Aujourd’hui, ils sont presque chez moi », s’inquiète l’agriculteur. Une pensée le traverse souvent : et s’ils lui tiraient dessus ? D’autres villages frontaliers de Siounik, eux aussi confrontés à l’arrivée des soldats azerbaïdjanais, ont déjà connu des incidents, dûment répertoriés par le défenseur des droits en Arménie, Arman Tatoyan. Aucun mort ni blessé n’est à déplorer pour l’heure, mais la tension est palpable. Des tirs d’intimidation ont lieu régulièrement à proximité immédiate des civils.

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