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La révolution de velours de l'Arménie n'est pas achevée

La chute sans effusion de sang du Premier ministre ouvre une semaine de pourparlers pour la formation d'un nouveau gouvernement.

Par Yves Bourdillon

Publié le 24 avr. 2018 à 18:36

C'est, à défaut de nouvelle vie, comme certains le proclamaient lundi soir en dansant dans les rues, un nouveau combat qui commence pour les nombreux Arméniens qui ont poussé à la démission le Premier ministre, Serge Sarkissian : la formation d'un nouveau gouvernement conforme aux aspirations populaires.

Sept jours pour trancher

Les partis siégeant au Parlement ont sept jours pour proposer leur candidat au poste de Premier ministre, mais il n'est pas sûr que Nikol Pachinien, le leader des manifestations massives qui ont paralysé le pays et fait tomber le gouvernement en onze jours, puisse réunir une majorité.

L'Arménie, petit pays (3,5 millions d'habitants) de l'ex-URSS, n'en a donc pas forcément fini avec la crise politique. Certes, Serge Sarkissian a perdu la partie, lui qui a déclaré laconiquement lundi « je me suis trompé » pour avoir voulu prolonger ses dix ans à la tête du pays en se faisant nommer Premier ministre au prix d'une modification de la Constitution qui renforce spectaculairement les pouvoirs du chef du gouvernement. Mais son Parti Républicain, au pouvoir sans interruption depuis vingt ans, dispose toujours de 65 députés sur 105.

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Les autres partis d'opposition n'existent quasiment plus

Le parti de Nikol Pachinien n'est entré au Parlement que l'an dernier et ne compte, associé à deux autres partis, que 9 députés. Un atout toutefois, selon les analystes à Erevan : les autres partis d'opposition n'existent quasiment plus et son franc-parler et son courage physique (il a le bras en écharpe suite à une brève interpellation dimanche) l'a rendu populaire.

Alors que Nikol Pachinien appelait à des législatives anticipées, les dirigeants politiques de tous bords ont multiplié les déclarations consensuelles au lendemain de cette « révolution de velours » qui n'a fait aucune victime grâce au refus de Serge Sarkissian, un ancien militaire, d'employer la force. Un consensus et une démonstration d'union facilitée par les manifestations prévues, hasard du calendrier, ce mardi pour commémorer le génocide arménien perpétré par l'empire ottoman en 1915-1917.

Pauvreté et corruption sévissent

La future coalition gouvernementale devra s'atteler aux deux maux qui accablent le pays depuis son indépendance en 1991, la pauvreté et la corruption. La question du mandat de Serge Sarkissian n'était qu'un prétexte, assure à l'AFP Iouri Navoïan, qui préside l'ONG russo-arménienne Dialogue, basée à Moscou. Selon lui, « les protestations en Arménie ont révélé des problèmes socio-économiques et politiques qui se sont accumulés depuis des années », en raison notamment du « monopole public dans l'économie » et du verrouillage de toute concurrence par des oligarques, qui a rendu impossible le développement des PME.

Le revenu moyen par habitant stagne à 310 dollars par mois, quasiment au même niveau qu'il y a dix ans, et près de 30 % des Arméniens sont classés comme pauvres, c'est-à-dire disposant d'un revenu inférieur au revenu médian.

L'Azerbaïdjan, en conflit larvé avec Erevan à cause du territoire du Haut Karabagh, a salué le départ de Serge Sarkissian. L'issue de la crise politique en Arménie sera suivie attentivement par la Russie, alliée historique de l'Arménie, et les pays occidentaux, avec qui Erevan entretient de bonnes relations dans un jeu d'équilibriste courant dans les anciennes composantes de l'URSS.

Yves Bourdillon

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