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Salomé Zourabichvili : « L’Europe de demain aura besoin de tous, de la Grande-Bretagne à la Géorgie »

L’Union européenne « doit embrasser et non diviser », estime, dans une tribune au « Monde », la présidente géorgienne, qui souhaite la création d’un nouveau statut pour la Géorgie, lui offrant « davantage d’Europe ».

Publié le 08 avril 2019 à 06h15, modifié le 08 avril 2019 à 06h15 Temps de Lecture 4 min.

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Tribune. L’Europe est en crise. Et pourtant, la Géorgie n’a jamais été aussi déterminée et enthousiaste quant à sa perspective européenne. Alors que les citoyens de l’Union européenne (UE) devront déterminer leur vision de l’avenir européen en mai, les citoyens géorgiens ont ouvert la voie. En m’élisant à la présidence de la Géorgie [le 28 novembre 2018], les Géorgiens ont fait un choix à contre-courant de la tendance eurosceptique en vogue. Ma victoire électorale fut la consécration d’une campagne conduite sur fond de drapeau européen et tout entière tournée vers un objectif : l’entrée dans l’Europe.

La Géorgie est un paradoxe : à la lisière de l’Europe, elle rêve d’Europe alors que les Européens en doutent. Elle ne mesure sans doute pas les difficultés quotidiennes de la politique européenne, faite de compromis, de lentes avancées et de ces crises salutaires qui ont fait l’histoire de la construction européenne. Mais cette distance est précisément sa force. La Géorgie observe l’Europe de dehors. Pays riverain de la mer Noire, coincé entre la Russie au nord, la Turquie au sud et l’Iran à l’est [frontalier de l’Arménie], nous sommes plus que tout pays européen en mesure de comparer les modèles politiques alternatifs quand nous ne les subissons pas. Le jugement du peuple géorgien est limpide : sans discontinuer depuis des années, les Géorgiens soutiennent l’adhésion à l’UE à 80 %, jusqu’à inscrire la perspective européenne dans la Constitution !

Une identité européenne évidente

Le choix européen se décline aisément. L’Europe est synonyme de liberté : après soixante-dix ans sous le joug totalitaire soviétique et trente années de progrès démocratiques, notre aspiration européenne est indissociable de l’affermissement de la démocratie libérale. L’Europe représente notre culture commune : pays de la Toison d’or [du mythe grec de la quête de Jason aidé des Argonautes], pont avancé de la chrétienté depuis le Ve siècle, berceau de la civilisation vinicole, notre identité européenne est une évidence. Nos valeurs sont celles de l’Europe, parmi lesquelles la tolérance géorgienne – qui se distingue par l’accueil des Juifs au fil des siècles sans manifestation d’antisémitisme –, que nous avons la volonté d’introduire au Patrimoine immatériel de l’Unesco.

Surtout, l’Europe permet à la fois de progresser et de protéger. La marche vers l’Europe nous apporte des améliorations concrètes, mesurables pour chaque citoyen, dans un pays encore accablé par son héritage soviétique : l’ouverture du marché européen offre de nouveaux débouchés commerciaux, la participation aux programmes Erasmus forme notre jeunesse, l’introduction des réglementations européennes protège mieux nos consommateurs des risques sur la santé et la sécurité. Le rapprochement vers l’Europe est aussi facteur de protection : c’est la présidence française de l’Union européenne qui, en 2008, a stoppé l’invasion russe qui aurait pu, sans cette mobilisation diplomatique, aller jusqu’à Tbilissi ; c’est encore l’Europe qui se mobilise par l’envoi d’une mission de stabilisation pour empêcher que la Russie ne poursuive son entreprise de grignotage de notre territoire, dont 20 % sont toujours occupés par l’armée russe.

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